Coluche

Prince de l'humour, roi de l'aphorisme, Coluche savait dynamiter en quelques mots les idées reçues. Et rallier à sa personne un public de plus en plus nombreux à se régaler de ses trouvailles, qu'il moque les hommes politiques, les institutions, la télévision ou la société en général. Mais ce serait lui faire injure que de l'enfermer dans l'armure de l'humoriste, car ce que voulait le jeune Michel Colucci, italien d'origine en sa banlieue parisienne, c'était « faire » de la scène.
Et il en fit tout au long de sa courte vie - quarante et un ans -, tragiquement terminée sur une route ensoleillée du sud contre un « putain de camion ». Cinéma, télévision, radio, inénarrable candidature aux élections présidentielles en 1981 ou ubuesque mariage parodique avec Thierry Le Luron, rien n'a manqué au panel de son imaginaire.
Mais son acte supérieur, son engagement fort marquant une personnalité hors norme, demeurera éternellement d'avoir eu l'idée courageuse, lui l'artiste, lui le bateleur, de créer les Restos du Coeur, cette organisation bénévole qui arrive, depuis bientôt trente ans, à servir d'année en année des millions de repas à ceux que la misère n'épargne pas.
D'ailleurs, qui se souvient en remplissant sa déclaration d'impôt, que la déduction accordée aux contribuables sur leurs dons aux associations caritatives s'appelle la loi Coluche ?
Loi qu'il a initiée et fut votée en 1988, deux ans après sa disparition. « Le problème de la Comédie Française, se moquait-il, c'est que Molière est mort. »
Pas de souci pour Coluche qui, plus que jamais, est toujours vivant.