- EAN13
- 9791036569739
- Éditeur
- Presses Universitaires de Provence
- Date de publication
- 17/06/2021
- Collection
- Corps et âmes
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Le temps d’une décapitation
Imaginaire d’un instant imperceptible. Peinture Littérature
Marion Delecroix, Loreline Dourneau
Presses Universitaires de Provence
Corps et âmes
Livre numérique
-
Aide EAN13 : 9791036569739
- Fichier PDF, libre d'utilisation
- Fichier EPUB, libre d'utilisation
- Fichier Mobipocket, libre d'utilisation
- Lecture en ligne, lecture en ligne
14.99
Autre version disponible
Une décapitation est atrocement visuelle : la tête, coupée de son corps,
exhibe la mort. Tenue par les cheveux, brandie, elle se montre, fascinante,
épouvantable. Du corps entier au corps morcelé, tout paraît de l'ordre d'un
visible excessif. Cette terrible visibilité, sa teneur spectaculaire,
semblerait alors expliquer la prolixité des représentations de décapitations,
que ce soit en littérature ou en peinture. Pourtant, entre le corps entier et
le corps morcelé, l'instant du trépas, c'est-à-dire la décapitation en elle-
même, est imperceptible. Si la mort par décapitation se perçoit, s'exhibe
même, le mourir arrive trop rapidement pour être perçu : l'excessive
visibilité est perturbée par un instant qui, lui, ne se voit pas. Ce paradoxe
se trouve inscrit dans les œuvres, où une ellipse récurrente absente
l'instant, laissant seuls le moment précédant juste la décapitation, la
victime tendant le cou, et celui lui succédant, la tête décollée.
L'imperceptible laisse alors place à l'imaginaire : dans l'instant qui ne se
laisse voir, se logerait un entre-deux, le passage entre la vie et la mort. Un
doute s'imagine, un mystère se déploie, aussi bien dans la peinture religieuse
renaissante, dans les peintures d'histoire du XVIIe siècle que dans la
littérature post-révolutionnaire, où, à chaque fois, l'instant ne peut que
manquer. Ce n'est donc pas tant à la visibilité qu'à l'irreprésentable de la
décapitation que se confrontent les représentations.
exhibe la mort. Tenue par les cheveux, brandie, elle se montre, fascinante,
épouvantable. Du corps entier au corps morcelé, tout paraît de l'ordre d'un
visible excessif. Cette terrible visibilité, sa teneur spectaculaire,
semblerait alors expliquer la prolixité des représentations de décapitations,
que ce soit en littérature ou en peinture. Pourtant, entre le corps entier et
le corps morcelé, l'instant du trépas, c'est-à-dire la décapitation en elle-
même, est imperceptible. Si la mort par décapitation se perçoit, s'exhibe
même, le mourir arrive trop rapidement pour être perçu : l'excessive
visibilité est perturbée par un instant qui, lui, ne se voit pas. Ce paradoxe
se trouve inscrit dans les œuvres, où une ellipse récurrente absente
l'instant, laissant seuls le moment précédant juste la décapitation, la
victime tendant le cou, et celui lui succédant, la tête décollée.
L'imperceptible laisse alors place à l'imaginaire : dans l'instant qui ne se
laisse voir, se logerait un entre-deux, le passage entre la vie et la mort. Un
doute s'imagine, un mystère se déploie, aussi bien dans la peinture religieuse
renaissante, dans les peintures d'histoire du XVIIe siècle que dans la
littérature post-révolutionnaire, où, à chaque fois, l'instant ne peut que
manquer. Ce n'est donc pas tant à la visibilité qu'à l'irreprésentable de la
décapitation que se confrontent les représentations.
S'identifier pour envoyer des commentaires.