Le dernier des Weynfeldt

Martin Suter

Points

  • Conseillé par
    9 octobre 2019

    Rien ne semble pouvoir ébranler la vie bien rangée d'Adrian Weynfeldt, le dernier héritier d'une riche famille suisse. Cet expert en art, quinquagénaire et vieux garçon, aime la routine, les habitudes, le calme d'une existence sans aspérités. Pourtant, son paisible quotidien est soudain bouleversé par deux évènements a priori sans rapport. D'abord, il croise la route de Lorena, une rousse incendiaire qui n'est pas sans lui rappeler Daphné, son amour de jeunesse. Ensuite, un vieil ami lui demande de mettre en vente "La salamandre" de Félix Valloton, dernier vestige d'une importante collection qu'il a perdue au fil des ans et de ses placements financiers hasardeux. Or, Lorena est une croqueuse de diamants et le tableau est un faux...

    Coup de cœur pour ce roman, son auteur et son héros !
    De prime abord, Adrian Weynfeldt n'est pas un personnage très glamour, avec ses habitudes bien ancrées, ses costumes sur mesure et sa bonne éducation. Mais il est d'une gentillesse rare avec ses amis moins fortunés qu'il aide financièrement avec beaucoup de discrétion et il sait même se montrer chevaleresque lorsqu'il s'agit de sauver une jeune femme en détresse. Car derrière cet homme timoré, poli et bien élevé qui semble se laisser mener par le bout du nez par une aventurière se cache un fin stratège, malin, déterminé et un brin cynique. Comme souvent dans les intrigues qui mêlent femmes fatales et escroqueries, le nerf de la guerre est l'argent et Adrian n'en manque pas. Il peut se permettre de se laisser dépouiller sans sourciller. En revanche, si l'on touche à sa réputation professionnelle, il se rebelle. Pas question pour lui de mettre en vente un faux tableau, même pour faire plaisir à un vieil ami. Saura-t-il se défaire des intrigants qui l'entourent ? Pourra-t-il préserver sa probité d'expert ? En tout cas, il va devoir changer ses habitudes et sortir de sa zone de confort.
    Le rythme est loin d'être trépidant, l'ambiance est feutrée, les coups, même bas, sont mouchetés par la discrétion et la bienséance. Mais c'est un vrai plaisir de lecture, une immersion dans le monde des grosses fortunes suisses. Un roman au charme indéniable.