Marie Vingtras revient en force et tout en finesse dans ce deuxième roman dont l'action se situe aux États-Unis, dans une petite bourgade dénommée Mercy.
Ironie du sort ou simple hasard, ce nom-là résonne étrangement tant cet endroit appelle d'emblée (et à tort peut-être…) à une certaine mansuétude. De fait, une triste affaire vient assombrir l'horizon : Leo, jeune fille native du coin est retrouvée morte noyée au milieu d'iris sauvages. Ce détail n'est en rien anodin tant il pose le décor. Trouble et fantastique à l'image d'une peinture préraphaélite.
La shérif Lauren Hobler est la première à dévoiler ses impressions et le déroulé de cette enquête si particulière. Surviennent ensuite les impressions des autres protagonistes, clés de l'histoire. A chaque saison, une voix. Celle du coupable idéal, le professeur ténébreux au passé trouble, puis celle d'Emmy, la meilleure amie de la défunte, jeune fille retors ainsi que le père de Leo, être brisé et falot.
A l'instar de "Blizzard", on retrouve le goût de l'autrice pour le roman choral. Et c'est une réussite tant Marie Vingtras excelle à dévoiler les arcanes les plus sombres et les plus viles de l'âme humaine. Ici la touche est plus ample, le style moins épuré et le déroulé bien plus féroce.
"Les âmes féroces" un roman hautement symbolique qui vous agrippe et vous hypnotise jusqu'à son point final...pathétique et redoutable.
Sombre et déchirant
Deux sœurs jumelles, Arc et Daffy, unies à la vie, à la mort. Deux sœurs qui, malgré leur désir de s'en défaire, seront rattrapées par la fatalité. Un fatalisme insidieux et perfide, les avilissant, les asservissant, les écrasant d'une violence crasse et morbide.
Une mère perdue dans les méandres tortueux de la drogue, une tante tout aussi atteinte, amassant inlassablement et avec méticulosité des petites brindilles chaque jour qui passe... comme un compte à rebours des heures, des mois, des années peut-être, la séparant de la mort.
Seul rempart à ce désespoir : leur grand-mère, "mamie Milkweed", femme forte et habitée, qui veille sur elles, leur inculquant son savoir et ses croyances ancestrales. Leur insuffler suffisamment de force et de résistance pour rêver d'un avenir plus serein... La face inversée du côté sauvage. Celui qui leur permettra de s'élever et de vivre loin de ses "johns" veules et concupiscents. Arc et Daffy survivront ainsi tant bien que mal, ballottées entre noirceur et clarté. L'amitié les unissant avec d'autres femmes, elles aussi, pointées du doigt et honnis, sera leur moment de grâce, si volatile soit-il.
Comme à chaque fois chez Tiffany Mc Daniel j'ai été happée par son écriture et l'univers ainsi décrit, entre crudité et lyrisme. Le roman est sombre, terriblement sombre et insoutenable, mais il est également déchirant... et surprenant. On userait bien volontiers de l'oxymore pour le décrire tant ses deux côtés antagonistes vous bousculent, vous torpillent et vous étreignent. Remarquable Tifffany Mc Daniel !
Face à l'inéluctable
"La mort rôde", tel est le sentiment d'impuissance face à l'inéluctable. Nina Bouraoui livre avec pudeur et sans apprêt les derniers jours de son père, en soins palliatifs. Ce temps évoqué ici est celui d'un temps suspendu, effrayant. La mort rôde, ôtant tout espoir. Ce temps est aussi celui des souvenirs d'un père, qu'elle admire, qu'elle a craint. Un père à la vie si dense, un père parfois absent, un père dont elle ne connaît pas tous les secrets. Un personnage de roman par endroits, un père aimant et précieux sans aucun doute.
Un récit bouleversant. Aucun autre mot semble mieux convenir que celui-là.
Renaissance
Line est hôtesse de l’air et passe son temps entre deux vols et son appartement parisien. Elle vit en couple avec Thomas et tout se passe pour le mieux. Jusqu’au jour où elle est victime du Big One, séisme dévastateur et terrible à Tokyo.
Son compagnon la croit morte et telle une miraculée, elle est rapatriée en France, meurtrie et déboussolée. Elle ne se souvient de rien – si ce n’est des sensations étranges et mortifères. Commence alors pour cette jeune femme un long chemin tortueux, dans lequel elle semble sombrer. Et puis, telle une force vive sortie des limbes, la voilà qui s’accroche, des souvenirs ressurgissent, des drames intimes, enfouis, rejaillissent. Une évasion sur une île, quelque part sur la côte Atlantique, va lui insuffler une énergie nouvelle, une envie d’en découdre peut-être, une envie de vivre très certainement.
Un roman délicat, par endroits poétique, d’une femme dont les souvenirs, si douloureux soient-ils vont l’accompagner et l’aider à surmonter l’indicible.
Une réussite dans le genre
Ils sont neuf. Neuf noms inscrits sur une liste. Chacun d'entre eux la reçoit nominativement. Le compte à rebours peut commencer... car de toute évidence cette liste n'augure rien de bon.
Peter Swanson mène le jeu avec brio, et nous voilà gentiment happés par ce bon vieux policier, pas ramenard, bien ficelé et sacrément prenant.
Un style direct, sans emphase, méticuleux et un dénouement classique avec une petite note jubilatoire concernant un certain Eric. Pour ceux qui le liront, comprendront. À bon entendeur et bonne lecture !