La couleur réfléchie
EAN13
9782850351129
ISBN
978-2-85035-112-9
Éditeur
L'atelier contemporain
Date de publication
Nombre de pages
608
Dimensions
20,7 x 16,6 x 4,3 cm
Poids
1230 g
Langue
français
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La couleur réfléchie

L'atelier contemporain

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Peindre, écrire, voir, sont autant de perspectives qui, chez Stéphane Bordarier, tissent une même relation émerveillée et sensuelle au monde. Dans le sillage des peintres italiens renaissants, dont il a longuement contemplé les œuvres, en dessinant et en prenant des notes, il cherche à « entremêler le sacré au quotidien », ce qui suppose « l’éclatante décision de la couleur ». Ce volume nous fait pénétrer dans son univers monochrome, « jaune pâle grisé », de « gris vert jaune », de « violet de mars ». Il rassemble son journal tenu entre 1991 et 1997, tramé de notes d’atelier, de révélations italiennes, de retranscriptions de la bande passante quotidienne, entre amis, en famille, en solitaire ; mais aussi ses essais et ses entretiens, qui sont l’occasion de rendre hommage aux artistes qu’il admire et côtoie, Joan Mitchell, Sam Francis, ou Simon Hantaï, comme de tenter de mettre des mots sur le non-savoir qui pour lui enveloppe le fait de peindre : « La peinture est un mystère. Il n’y a rien à savoir : aucun savoir ne délimite les termes, les moyens, les buts de la peinture. Il n’y a que du passé et de l’ouverture vers et des variations telles que tout, chaque jour, doit être reconsidéré. » (8 septembre 1991)
Ses carnets sont parsemés de considérations esthétiques, mais aussi de considérations matérielles, notamment à propos de la chaîne de causalité économique dans laquelle s’inscrit, consciemment ou non, le geste de peindre : « Gagner de l’argent avec la peinture, c’est gagner de l’argent gagné sur le pillage du tiers-monde, gagné par des gens dont le salaire extravagant ne fait que croître alors que celui des “bas de l’échelle” ne bouge pas. […] Mais comment peindre sans argent, sans vendre ? » (4 décembre 1991) Toute peinture est tissée de contradictions, économiques et esthétiques. Il ne s’agit pas de les résoudre ou de les refuser, mais de « s’enfoncer dans ce doute et dans cette insatisfaction, avant d’avancer, avant de trouver le mouvement le plus radical, qui va opérer. » (20 janvier 1993)
Si Stéphane Bordarier s’enfonce dans le doute, c’est dans l’espoir de finir par tomber sur l’évidence étrange et déroutante d’une couleur, comme le « violet de mars ». La couleur déborde les significations mutilées, ramène à l’inexplicable : « De la couleur il n’y a rien à dire, ou rien à tirer. Cruelle apparence du monde, et je ne sais qu’en faire. Inconscient. Couleur venue de l’inconscient, et qui me turlupine. » (26 février 1994) Cette fascination pour les couleurs semble aller de pair avec une attention pour ce qui nous entoure, ce qui défile quotidiennement, comme en attestent, au détour de certaines réflexions théoriques, de simples notations du temps qu’il fait, pluie, vent, neige.
Tous ces élans d’écriture convergent, d’une certaine manière, et frôlent la forme englobante, incertaine et vibrante d’un poème. Ainsi, dans Je voudrais écrire un poème, après avoir évoqué quelques « instants vivants », « un moment de solitude à la terrasse des Beaux-Arts », un autre à « regarder le ciel à travers la verrière » de son atelier, écrit-il :
« Mais cela serait pauvre encore sans la rage et la colère
la nostalgie
et le rêve d’une chose, pour parler comme Marx
tout ceci ne faisant qu’un, si on y regarde bien. »
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