- EAN13
- 9782705001162
- Éditeur
- FeniXX réédition numérique (Albin Michel)
- Date de publication
- 1965
- Collection
- La vague
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
Pourquoi « Les Points de repère » ? Ce titre s’explique peu à peu, à mesure
qu’on s’enfonce dans ce roman. Il faut savoir qu’une jeune fille est aimée de
quatre hommes fort différents et qui se connaissent : un Noir, un aveugle,
celui qui le guide et un adolescent. Les décors : une plage, deux villes, un
café, une boîte de nuit. Les personnages traversent ces lieux pendant quelques
heures, une semaine, le temps de révéler leur vérité singulière et de
reprendre leur place dans le ballet particulier qu’ils dessinent. Ils sont
riches, occupés presque seulement d’eux-mêmes. Le drame hésite d’abord, il va
de l’un à l’autre. Le groupe bien soudé lui oppose une fin de non-recevoir. De
là, ce début lent et logique, uni, où il semble que rien ne va se passer. Et
puis, voici l’accident, la mort, qui arrache des masques qui tenaient par
habitude. Ce qui est nouveau, c’est l’expression. Je l’avoue, elle m’a d’abord
déconcerté. Je percevais bien que les mots, les phrases, le rythme obéissaient
à une intention, qu’ils étaient en quelque sorte doués d’une volonté de briser
en moi des habitudes de langage pour que je me conforme à une autre manière de
dire. Et puis tout à coup, je me suis souvenu que Louis-Antoine Prat — tout
comme un de ses personnages, Art, le Noir — est batteur de jazz. J’en suis
persuadé, il a tenté d’introduire dans son écriture certaines caractéristiques
du jazz. De brusques ruptures du temps intérieur, propres à chacun des
personnages, semblent les enfermer dans leur solitude. En fait, avec des
moyens différents, leur timbre particulier, ils sont tous lancés dans le
concert d’une aventure commune. On dirait d’une « jam session ». Ce roman ne
se lit pas seulement avec les yeux. Il y faut aussi de l’oreille.
qu’on s’enfonce dans ce roman. Il faut savoir qu’une jeune fille est aimée de
quatre hommes fort différents et qui se connaissent : un Noir, un aveugle,
celui qui le guide et un adolescent. Les décors : une plage, deux villes, un
café, une boîte de nuit. Les personnages traversent ces lieux pendant quelques
heures, une semaine, le temps de révéler leur vérité singulière et de
reprendre leur place dans le ballet particulier qu’ils dessinent. Ils sont
riches, occupés presque seulement d’eux-mêmes. Le drame hésite d’abord, il va
de l’un à l’autre. Le groupe bien soudé lui oppose une fin de non-recevoir. De
là, ce début lent et logique, uni, où il semble que rien ne va se passer. Et
puis, voici l’accident, la mort, qui arrache des masques qui tenaient par
habitude. Ce qui est nouveau, c’est l’expression. Je l’avoue, elle m’a d’abord
déconcerté. Je percevais bien que les mots, les phrases, le rythme obéissaient
à une intention, qu’ils étaient en quelque sorte doués d’une volonté de briser
en moi des habitudes de langage pour que je me conforme à une autre manière de
dire. Et puis tout à coup, je me suis souvenu que Louis-Antoine Prat — tout
comme un de ses personnages, Art, le Noir — est batteur de jazz. J’en suis
persuadé, il a tenté d’introduire dans son écriture certaines caractéristiques
du jazz. De brusques ruptures du temps intérieur, propres à chacun des
personnages, semblent les enfermer dans leur solitude. En fait, avec des
moyens différents, leur timbre particulier, ils sont tous lancés dans le
concert d’une aventure commune. On dirait d’une « jam session ». Ce roman ne
se lit pas seulement avec les yeux. Il y faut aussi de l’oreille.
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