Au nom de l'inclusion

Depuis le milieu des années 1990 et la Conférence internationale de Salamanque organisée par l'UNESCO, la notion d'inclusion scolaire s'est imposée dans le vocable politique, scolaire et scientifique. L'inclusion se présente comme une révolution idéologique dans la prise en charge des élèves que l'on nomme aujourd'hui « à besoins éducatifs particuliers ». En s'appuyant sur les principes de justice, de participation sociale, d'équité et de prise en compte de la diversité, le courant inclusif propose de renverser le paradigme de l'intégration scolaire en vigueur depuis les années 1970 : ce n'est plus aux élèves (équipés, accompagnés et soignés) de s'intégrer à l'école ordinaire parmi les « normaux » et de porter la responsabilité de cette intégration, c'est à l'école de se transformer — en profondeur — pour permettre d'accueillir tous et toutes les élèves et répondre aux besoins spécifiques de chacun et chacune. 30 ans après Salamanque, où en est la « réforme majeure des écoles ordinaires » qu'appelaient les signataires de la déclaration ? Quels effets de la mise en oeuvre de la politique inclusive peut-on constater sur le terrain ? Que font les acteurs et les actrices de l'école au nom de l'idéal que représente l'inclusion scolaire ?
Pour rendre intelligible cette intention d'inclusion, il s'agit d'observer son caractère performatif et de montrer l'écart entre les valeurs qu'elle véhicule et ses réalisations factuelles. Dans ce sens, cet ouvrage propose d'investiguer les effets des politiques inclusives sur l'école, ses acteurs et leurs pratiques, en privilégiant des entrées diversifiées : la forme scolaire et les dispositifs scolaires, le métier d'enseignant·e, la formation des enseignant·e·s, le partenariat avec les parents, la collaboration interprofessionnelle, les inégalités scolaires, le rapport de l'école au diagnostic médical ou encore les évidences et les implicites véhiculés par la notion d'inclusion.