To love, love, love

Dans cette méditation lancinante sur celui qu’il a été et qu’il ne sera plus,
le narrateur de ce roman raconte la lente transformation en adulte de cet
adolescent étrange qu’il a été, « qui ne touche pas, qui n’embrasse pas », qui
ne connaît rien des choses du corps, lui pourtant devenu médecin. C’est par le
visionnement des films Super 8 de son enfance, par le contrepoint avec le
personnage d’Hippolyte du Phèdre de Racine que se prépare la longue
acceptation de tout ce qui était tabou depuis toujours en lui, autour de lui :
le sexe, ses désirs secrets, un viol subi, l’amour interdit, toutes ces scènes
oubliées, traumatiques, décisives, qui ont fait de lui ce qu’il est. Entre
l’Amérique et la France, entre le Québec et le souvenir de la maison
familiale, la maturité de Patrick Froehlich s’entend ici jusque dans la
douceur du ton de sa voix, pareille à celle d’un ami qui se raconte à travers
les masques des personnages qui le hantent, du cinéma intérieur qu’il se fait
et du théâtre de la vie qui s’empare toujours de nous.