Été sicilien

L’action de ce roman poétique et dru, d’un constant humour, se déroule du 3 au
10 juillet 1943, pendant la semaine qui précéda le débarquement allié en
Sicile occupée par l’ennemi. Angela, prostituée pieuse et sentimentale d’un
bordel de Palerme, s’est réfugiée dans un îlot broussailleux, à l’embouchure
de l’Aliso, où elle espère échapper au châtiment de son crime : elle a
poignardé un client vicieux, officier supérieur de l’armée allemande. Comme
elle aime se prélasser nue au soleil, elle ne tarde pas à se faire repérer par
Hans, gardien d’un bunker allemand, explorant les rives à la jumelle, et qui
vient lui rendre visite. Leurs ébats sont interrompus par le soldat italien
Nino qui, de la route où il conduit son camion, a cru apercevoir au milieu des
joncs les jeux d’un couple de dauphins. Abordant l’île à son tour, il
fraternise avec Hans ; Angela, furieuse, gagne à leur insu Bicara d’où, après
s’être fait recueillir par un veuf retraité, elle retourne dans l’île car elle
sait à présent qu’elle aime Hans follement. Celui-ci, entre-temps, s’est fait
consigner pour désobéissance ; et Nino, amoureux, tente en vain sa chance
auprès d’elle. Ainsi arrivons-nous à la terrible nuit du débarquement. Et si
jusqu’alors, ce curieux marivaudage a gardé un ton savoureux plein du bonheur
de vivre, les événements se chargent de le faire tourner au tragique : Hans
meurt, déchiqueté par une mine, après avoir maudit Angela qu’il croit
responsable. Celle-ci blesse par erreur le premier Américain débarqué dans
l’île ; tandis que Nino, dans Bicara libéré, voit s’éloigner au bras de
l’homme qu’elle a failli abattre la prostituée au grand cœur qu’il aurait
voulu aimer davantage.